BURKINA FASO - HAMAP

Le village de KOKOLOGHO – Burkina Faso Mars 2010

Les enfants étaient très timides.

Sur la place un groupe s’agglutine autour de moi et me conduit vers une salle ombragée.

Ils ne savent pas ce que c’est l’école, encore moins la peinture.

J’étends le tissu sur le sol. Je perçois leur étonnement. Mais que veut elle ?

- Si nous causions ?

On a commencé à causer.

Ils ont dit qu’ils n’avaient pas d’argent pour aller à l’école – que dans d’autres pays il y avait des écoles mais que eux, ils ne pouvaient pas aller.

- Pourquoi sont-ils différents les autres pays ?

Silence. Puis ils disent : mais chez nous il y a le soleil et le ciel. Le ciel et le soleil sont partout les mêmes. C’est à ce moment que je perçois à quel point le ciel et le soleil représentent une force vitale, magique pour eux.

Alors on a commencé à peindre.

J’avais préparé des pots, de la terre. Le Burkina est le pays de la latérite, une terre très rouge. On a mélanger terre et eau et on a peint .On a obtenu le soleil en mélangeant du sable. Aux graminées séchées et effritées on a rajouté de la colle pour faire le vert.

Puis le baobab, les branches les feuilles ont été peints.

Tout le monde s’y est mis avec les mains, comme une envie de marquer leur présence sur chaque branche.

Un petit a dit le que le ciel était trop grand, que la nuit il y avait aussi la lune et que le soir on rentrait dans la case.

Alors on a peint la case.

Puis chacun a voulu signer sa main – la main qu’il avait laissé sur ce tissu devait être marquée d’un petit signe personnel

 

Un grand de 13 ans est arrivé– il faut dire que c’est le Burkina et c’est lui qui a fait le drapeau vert et rouge et c’est lui qui a écrit Burkina Fasso.

La deuxième banderole réalisée a été faite d’un ciel et d’un énorme soleil d’où des fleurs partaient dans tous les sens…..parce que le soleil et le ciel sont à nous tous.

Ces enfants qui avaient entre 8 et 13 ans – n’ont jamais été à l’école parce que la nécessité de la vie exige que leur journée soit faite de voyages avec des bidons en main pour aller chercher l’eau au puits et du travail agricole dans les champs avec les adultes.

Pour la première fois de leur vie ils ont tenu des pinceaux dans leurs mains. Pour la première fois leurs mains pouvaient servir et faire autre chose que d’aller tirer l’eau dans le puits.

Ils ont appris à fabriquer de la peinture mais surtout ils ont réalisé quelque chose ensemble. Qu'il puissent participer tous ensemble à créer un dessin ne les avait probablement jamais effleuré, et personne ne leur avait jamais montré.

D’ailleurs ils ont voulu garder les pinceaux comme un précieux trésor.

Ces enfants ont été aujourd’hui scolarisés grâce à l’association HAMAP. La classe a commencé ce 1er Mars 2010 et depuis nous avons eu le bonheur de les entendre chanter au téléphone en signe de salut une chanson en français.

Branche éducation HAMAP

Roseline HERRERO, J.J. CRUCHANT, C. et J.C. FLAMENT, Nadine ESTELLE